vendredi 10 février 2012

Nos sens sont trompeurs?


Suite à mon questionnement provoqué par l'article "Existence" j'ai voulu faire l'étude qui suit portant sur une courte synthèse des théories sensitives de cinq grands philosophes.
Aussi, ce n`est qu`une esquisse servant à illustrer différentes positions à propos des sens humains.

La sensation est la perception que l`on a d`une chose résultante de données fournies par un ou plusieurs organes sensoriels.

Platon affirme qu`il est impossible de connaître le monde sensible (visible) lorsque la connaissance dérive de nos sensations. Effectivement, par le monde sensible nous n`avons accès qu`aux ombres et aux images dérivant des objets matériels et physique que ceux-ci projettent. Par ailleurs, nous ne pouvons avoir une connaissance certaine résultante de ces images ou ombres puisqu`ils ne suscitent que la faculté d`imaginer. Par conséquent, cette « connaissance » ne peut pas être fiable car elle résulte de croyances (elle porte sur des choses incertaines donc, elle peut être vraie ou fausse) et d`opinions. Toutefois, il est possible de connaître le monde sensible une fois que l`on est libéré des sens pour connaître les Formes véritables (voir dualité entre monde sensible et monde intelligible chez Platon).

 Contrairement à Platon, il n`y a pas de dualisme entre le monde sensible et le monde intelligible chez Aristote, la connaissance sensible et la connaissance intelligible « portent sur différents aspects des mêmes objets ». Pour lui, il y a une continuité entre les sens (par l`air, le feu et l`eau) et les objets du monde, ce qui fait que la perception est multi- sensorielle. Le sensible a une objectivité dans le monde car il est extérieur à nous. C`est donc nos sens qui peuvent engendrer l`imagination et puisque l`imagination est un élément nécessaire pour activer la faculté de penser, elle est indispensable et ne doit pas être rejetée comme le faisait Platon. Finalement, la théorie de la connaissance d`Aristote démontre que c`est à l`aide de nos perceptions sensorielles que l`on peut connaître et représenter le monde étant donné la hiérarchie (ou la continuité) qui existe entre la connaissance sensible (l`illusion) et la connaissance intelligible (la science).
En outre,  Descartes doute des sens puisque l`illusion de ceux-ci "porte à la fois sur les objets et sur le sujet lui-même". Elle n`est donc pas une source fiable pour la connaissance. Dans les Médiations métaphysiques, Descartes expose son idée par l`exemple du morceau cire : Celui-ci peut avoir l`air dur, froid et solide au premier abord. Or, il suffit de le chauffer pour que toutes ces qualités, observées antérieurement, disparaissent. Même si « cette chose » transformée devant moi a des aspects différents, elle n`en demeure pas moins de la cire. Par ailleurs, on peut conclure que ce n`est pas la perception qui peut expliquer ce qu`est la cire. En ce sens, il serait assez en accord avec Platon puisque lui aussi se méfiait de la perception sensorielle. Toutefois, Descartes croit que la perception produit une idée, certes elle peut être confuse et imparfaite, elle n`en demeure pas moins « un acte d`intellection » ce qui lui donne une direction convergente avec Aristote également.

Kant sépare radicalement la perception et l`entendement; la sensibilité est celle qui fournira les données à analyser (catégories du temps et de l`espace) et l`entendement sera celui qui déterminera si il y`a une vérité ou non. Malgré tout, la sensibilité délimite la raison puisque celle-ci ne peut rien chercher en dehors d`elle.

 Pour Locke, qui est un pur empiriste, les sens sont les sources premières de la connaissance. Il est contre les innéistes et affirme que l`esprit, à la naissance, est « une table rase » avant que toute expérience sensorielle ou réflective soit vécue. Les idées que nous tirerons de nos expériences sont les bases d`une connaissance qu`on acquiert avec le temps. Contrairement aux rationalistes, la sensation est primordiale dans la théorie de la connaissance des empiristes, puisqu`elle est la base des quatre différentes types d`idées (idées simples, idées complexes, idées de relation et idées abstraites) qui forment notre conception du monde.





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