lundi 1 décembre 2014

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 Tristan and Isolde, Lyon Opera, France, 2011 


Des doigts, courbés par l'aridité de la vie, enfoncent machinalement la fourberie des lettres qui se rassemblent avidement pour former les maux d'une maladie incongrue. Ne jamais passer le chemin de la pureté blanche sans la tacher rageusement des couleurs ternes qu'arbore l'humanité. La promesse d'une vie, l'horreur d'une éternité inextinguible. Une autre décennie et "Je me souviens" n`est plus que l`illusion de la naïveté des tourments. C`est quand l`hécatombe prend forme que la douleur, incarnée par la délicieuse laideur infantile, s'échappe des corps pour laisser place au triomphe de la peur. S`embrase alors le ressentiment du sodium et la culpabilité de l`eau. Leur essor, leur voyage, efface sur les joues du crocodile la rugosité de sa sérénité . Le rire silencieux des morts fait échos au tic-tac despotique de l`horloge tandis que le vent essoufflé, genou à terre, pousse les derniers effluves de l'automne. Les arbres frémissent et au regret de ma plume, laissent les fragments de leur mémoire se faufiler entre leurs branches.  

Écrire? Non. Exister au  delà du temps. Ne pas s`oublier malgré tout.